Réf. FB/M/V/
380 m²
15 500 000 €
Situé à la naissance de l’isthme qui relie le cap Ferrat à la côte dans sa partie la plus étroite et perché sur son flanc occidental, le terrain d’assise, aménagé de très anciennes terrasses agricoles bordées par un mur de soutènement, était à l’origine une plantation d’oliviers ponctuée de moulins à vent de plan circulaire. La mémoire toponymique en garde trace dans le chemin des Moulins qui, partant de Beaulieu en direction de la villa Île-de-France (Ephrussi de Rothschild), également classée aux Monuments historiques, longe le domaine sur son flanc oriental, donnant accès à l’entrée principale originelle de la villa. C’est par cette voie piétonnière que l’on peut rejoindre en à peine dix minutes le casino de Beaulieu se situant près de la plage des Fourmis.
Au sud, plus avant vers le cap, le bâti reste diffus et peu visible grâce à une nature luxuriante. La frange basse du terrain est flanquée par l’ artère principale desservant le cap. C’est par cette voie que se fait l’accès des véhicules à la propriété. Du vaste toit-terrasse d’agrément posé comme un vaisseau sur la crête d’une vague verdoyante, l’on domine à la fois la rade de Villefranche, du sud-ouest à ses contreforts au nord et de l’autre côté à l’est, la baie de Beaulieu. Ainsi s’offre à la contemplation un panorama à 360° extraordinaire et unique. L’idée majeure de l’architecte, – son parti pris heureux, a été d’élaborer un projet de mise en scène du paysage en parfaite adéquation avec les contraintes d’un terrain à forte déclivité. Jouant le traitement des dénivelés, il présente à l’observateur, à chacun de ces paliers, un nouveau point de vue sur le panorama et y instaure un espace architectural singulier et particulièrement harmonieux, fruit d’une tension entre tradition et avant-garde.
L’idée majeure de l’architecte, – son parti pris heureux, a été d’élaborer un projet de mise en scène du paysage en parfaite adéquation avec les contraintes d’un terrain à forte déclivité. Jouant le traitement des dénivelés, il présente à l’observateur, à chacun de ces paliers, un nouveau point de vue sur le panorama et y instaure un espace architectural singulier et particulièrement harmonieux, fruit d’une tension entre tradition et avant- garde. C’est un exemple architectonique remarquable d’intégration dans le paysage agricole méditerranéen.
À ce courant s’ajoute celui d’une architecture structurelle du modernisme, au vocabulaire cubiste. Véritable laboratoire des grandes innovations des courants modernistes, la Côte d’Azur en conserve encore quelques réalisations dont La Villa est l’une des plus notables et parmi les moins dénaturées.
La villa semble même préfigurer, par sa fusion de l’Art déco et du courant moderniste, toutes les architectures directement inspirées par les modes industriels de construction, réalisations civiles et urbaines qui marqueront les décennies suivantes. L’évocation maritime va s’inviter dans l’architecture par retour, à une époque où les paquebots transatlantiques, principaux liens entre les continents, jouissent d’un prestige immense et célèbrent au rythme d’une innovation effrénée, stimulée par une non moins frénétique concurrence, l’essor du progrès et l’entrée dans une modernité à grande échelle.
Les traits stylistiques caractéristiques de cette architecture «paquebot» sont présents par citations littérales de fragments de navires : toit-terrasse d’agrément panoramique à niveaux, aménagé en solarium, que borde un parapet surmonté d’un garde-corps en tubes métalliques ; un sémaphore ou nid- de-pie, selon l’humeur imaginative, lanterneau-belvédère octogonal dont la vigie est accessible par une échelle de fer avec rampe et qui coiffe le sommet de cette incroyable terrasse.
Vu du versant nord, le plan tout en longueur étire les espaces vers la proue plein ouest, avec sa terrasse évocatrice du pavois, surmonté d’un étage dont la succession bord à bord de baies vitrées en étroits panneaux intègre
les angles en arrondis, rappelant le poste de pilotage d’un paquebot. Ici, les courbures des volumes verticaux jouent avec les lignes savamment distillées. Enfin, de part en part de son flanc nord, étalant sa blancheur, la ligne oblique en volée de marches s’inscrit sur une trentaine de mètres, discontinus à mi-parcours par un palier incurvé qui fait saillie.
Déployant d’identiques baies côte à côte, comme le ferait une passerelle de commandement d’un navire, cette ouverture entre en résonance avec le belvédère à l’aplomb. Puis la ligne oblique reprend, coursive flanquée sur l’étrave du bâtiment que sa déclivité semble faire plonger vers la rade. La présence de hublots en accentue la connotation maritime.
L’audace moderniste, induite par l’emploi du béton armé pour l’armature des poteaux et des poutres, libérant les possibilités d’agencement et d’ouvertures dans le plan libre, trouve toute sa maturité et son expressivité dans la dialectique permanente de cette villa balnéaire entre le dedans et le dehors, les pleins et les vides.
Subtile hiérarchie des étages, pans coupés ou combinatoire complexe et multiple des ouvertures, savant dispositif des passages intérieurs et extérieurs, font qu’il est impossible de prime abord de saisir dans sa globalité l’ensemble architectural.
À ce modernisme Art déco aux multiples connotations nautiques, vient s’adjoindre un hommage appuyé à la tradition de la villa italienne, et par- delà à celle du classicisme qui plonge ses racines dans la Rome antique.
Les références à la tradition de la villa italienne sont explicites dans l’ordonnancement massif et symétrique des volumes, l’usage revendiqué des colonnes à la façon des villas palladiennes - dont la forme principalement octogonale, que l’on retrouve aussi dans le lanterneau, éveille de nombreuses réminiscences antiques.
L’Ornement à l’extérieur, l’ingénieux sémaphore fait office de puits de lumière, dispensant sa clarté sur les deux niveaux principaux d’habitation au travers d’ouvertures polygonales zénithales superposées, dont la circonférence diffère, formant avec le dispositif des colonnes un effet de perspective en entonnoir inversé. À sa verticale se dessine un bassin, encadré de colonnes octogonales, référence évidente de l’atrium et de son pluvarium.
Perpendiculairement à l’axe central de la villa, la transition depuis le grand hall-atrium vers le parc se fait au travers d’une salle à manger ombragée par la terrasse de la chambre de maîtres de l’étage supérieur, qui occupe toute la largeur de l’avant-corps de la façade sud. Faisant office d’auvent, la terrasse autorise l’emploi de larges baies vitrées dans l’exposition la plus ensoleillée.
Elle est soutenue par quatre colonnes octogonales donnant naissance à ce péristyle en U, mur de clôture blanc rythmé par six larges baies libres comme autant de vedute offertes à l’œil du peintre. Encadrée par ce péristyle, miroite la piscine, un «tapis vert» engazonné à l’origine.
La Villa se compose de 4 niveaux principaux, avec un large retrait sur la façade ouest formant la terrasse. Dans l’entresol entre les deux étages de soubassement se situe l’entrée basse de l’édifice. Les circulations entre étages se font grâce à trois escaliers rectilignes superposés.
À l’ouest du hall, le salon décloisonné forme un espace continu et s’ouvre sur une large terrasse d’une trentaine de mètres carrés, offrant une vue panoramique sur la rade. Sur la droite prend naissance la rampe extérieure conduisant au toit-terrasse, avec un palier permettant l’accès à l’étage supérieur.
Enfin, côté sud, dans le prolongement du grand hall-atrium, se déploient les 30 m2 de la grande salle à manger, toute en transparence face au panorama intimiste de la piscine adjacente et du jardin qui l’entoure.
L’été, la fraîcheur est préservée grâce à l’ombre dispensée par la terrasse en surplomb.
En empruntant l’escalier intérieur principal, on débouche au 2e étage sur un grand hall polygonal à vide central, encadré par quatre colonnes délimitant l’ouverture assurant l’éclairage zénithal. Les formes polygonales et octogonales se répondent : hall, vide traversant et colonnes.
Le hall est paré au nord d’une verrière semi- circulaire de forme polygonale, offrant une large vue sur les collines et la rade.
Au sud le hall distribue trois chambres, dont une suite parentale de 26 m2, avec dressing, que vient agrandir la spacieuse salle de bain attenante. L’ensemble de la suite faisant face à une large terrasse surplombant la piscine et le parc, avec une vue qui s’étend à la rade de Villefranche.
Des deux autres chambres, chacune ayant une salle de bains, l’une est pourvue d’un dressing et l’autre d’une antichambre.
À l’ouest, un ample vestibule introduit à une deuxième suite parentale avec salle de bains et dressing. La chambre d’une superficie de 16 m2 bénéficie d’une vue panoramique exceptionnelle sur l’ensemble de la baie de Villefranche, la mer et les collines.
On accède en voiture au bas de la propriété.
Une voie carrossable conduit à une aire de stationnement en contrebas de l’habitation, attenant aux garages.
De là, deux accès s’offrent à la villa.
Longeant la limite nord de la propriété, un funiculaire, autorisant des arrêts sur plusieurs niveaux de la villa, grimpe d’ouest en est jusqu’au 1er étage abritant l’essentiel des pièces de vie.
On peut également emprunter le sentier arboré qui serpente jusqu’à l’entrée basse de l’édifice, ou bien continuer de cheminer par le jardin et, après avoir dépassé le majestueux pin parasol qui prend naissance en contrebas du niveau principal et dont la cime s’élance vers l’azur qui surplombe le toit-terrasse, aborder l’entrée par la façade sud qui borde la piscine.
Durant 30 années la propriétaire a pris un soin tout particulier de son jardin, qui a été pour elle une véritable passion. Elle a su donner une harmonieuse plasticité au parc paysagé d’essences méditerranéennes caractéristiques. L’exposition idéale du site suscite l’abondance et la variété des floraisons. Mais, outre la qualité de l’ensoleillement, un sol drainant est propice aux plantes pour résister à l’hiver.
On y compte parmi les principales essences d’arbres, 11 pins parasols, 3 cèdres ou encore un caroubier. 37 oliviers pluriséculaires subsistent de la plantation agricole qui a précédé l’implantation de la villa. Bougainvilliers ou plantes odorantes typiques parsèment le parc.
Depuis la piscine, on peut suivre en pente douce une allée qui fait office de coupe-vent car elle est bordée par des cyprès de Provence altiers.
Chemin faisant, à la limite orientale haute du terrain, on arrive au belvédère-barbecue. Cette rotonde offre un espace ombragé propice aux repas conviviaux.
Elle est implantée sur le soubassement maçonné d’un moulin à huile et entourée de 8 colonnes soutenant un promontoire auquel on accède par une échelle métallique à rambarde, écho au lanterneau de la villa et évocateur de l’agencement d’une architecture navale. L’omniprésence de la mer dans cette oasis de verdure accentue son charme typiquement méridional. Les bruits générés par l’activité humaine sont tamisés par la déclivité progressive du terrain et feutrés par le couvert végétal protecteur et intimiste du jardin.
La Villa est inscrite dans la matrice paysagère idéale des sites résidentiels pour les Anglais qui hivernaient en bordure de Méditerranée : la proximité du rivage, le relief du terrain élargissant l’horizon, le jardin, avec son verger d’oliviers subtilement disséminés, permettant l’équilibre entre le cultivé et le sauvage, la villa panoramique et ses traces de l’antique reportées, le chemin de crête, la présence de reliefs montagneux. À cela, La Ligne Droite ajoute ce qui en fait une quintessence de l’architecture de villégiature balnéaire méditerranéenne, telle qu’elle s’est développée à partir des années 1930 avec l’invention de la saison d’été : la proximité de nombreuses plages, les solariums, la piscine, la blancheur inscrite dans une architecture solaire. Comme la villa Malaparte à Capri, dont les travaux débutèrent en 1938, elle est un magnifique exemple d’insertion environnementale car elle sait se fondre dans le paysage tout en le structurant. Cette exceptionnelle complémentarité entre le site naturel et le bâti signe sa virtuosité architecturale. C’est un hymne à l’une des plus belles rades du monde.
UN HYMNE À L’UNE DES PLUS BELLES RADES DU MONDE
Jean-René Bouchet, architecte DPLG, est né à Grasse en 1897 et restera actif jusqu’au début des années 1960. Formé à l’École Nationale Supérieure des Beaux- Arts de Paris (ENSBA) chez Gaston Redon et Joseph- Albert Tournaire, il terminera sa carrière en tant qu’architecte départemental des Alpes-Maritimes. Parmi ses réalisations notables figure en 1929 le Parc Palace hôtel à Grasse, où vécu Gérard Philippe dont le père fut le propriétaire.
Gaston Redon, né à Bordeaux en 1853, Grand Prix de Rome, enseignant à l’École nationale supérieure des
beaux-arts de Paris. Il est le frère cadet du peintre symboliste Odilon Redon. Joseph-Albert Tournaire, né à Nice en 1862, lauréat du Grand Prix de Rome, architecte en chef de la ville de Paris, enseignant à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts et membre de l’académie des beaux- arts. Plusieurs architectes importants du XXe siècle furent ses élèves, parmi lesquels Albert Laprade et Jean- Baptiste Mathon.
Cousins germains, Jean-René Bouchet et Louis le Sidaner étaient très liés, aussi est-il fort probable que le projet de la villa ait été élaboré en étroite collaboration.
Louis Le Sidaner, (1898-1985), homme de lettres et critique littéraire, diplômé de l’école libre des sciences politiques, licencié en droit, membre de la Société des Gens de lettres, co-directeur de la Nouvelle Revue critique. Il était le fils aîné du peintre postimpressionniste Henri Le Sidaner (1862-1939).
Le premier séjour attesté du peintre dans la région date de l’hiver 1910. Sur les conseils d’un médecin, il décide de venir goûter au climat tempéré de la Côte d’Azur avec sa famille, et loue une villa entre Beaulieu et Villefranche- sur-Mer. Ses nombreuses promenades, accompagné d’amis ou de sa famille, l’enchantent. Il est notoire qu’il exécuta cette année-là un tableau d’une vue nocturne de la rade de Villefranche saisie de l’exact point de vue de la terrasse de la maison qui sera construite plus de 20 ans après !
C’est dire l’attachement du peintre à ce paysage.
À partir de 1923, il y retournera presque chaque année en différentes saisons pour y peindre, souvent entouré de sa famille.
En 1926 son fils aîné Louis épouse Simone Vogt. Il n’est pas surprenant que les jeunes époux choisirent un emplacement ayant vue sur la rade pour y faire construire leur villa. Pour ce faire, ils acquirent trois parcelles mitoyennes. Petite-fille de Joseph Vogt, industriel et co découvreur des mines de potasse d’Alsace, propriétaire des mines de Kali Sainte-Thérèse (KST), Simone Vogt apportera les fonds nécessaires au projet.
Le 15 juin 1931, les plans de Jean Bouchet sont établis et la construction, dès lors, peut commencer, menée tambours battants par l’entrepreneur niçois L. Renault, comme l’indique l’inscription à l’entrée de la propriété.
L’année suivante, l’édifice est fin prêt à accueillir ses heureux propriétaires.
Comportant une grande baie vitrée, un atelier est aménagé en demi-étage au nord pour le peintre qui effectuera plusieurs séjours dans la villa de son fils et y peindra pour la dernière fois en mai 1939.
En mars 1943, le cap Ferrat est vidé de tous ses habitants et miné. La villa sera réquisitionnée en 1944 mais ne subira aucun dommage.
En 1975, la famille Le Sidaner cède la villa à un ingénieur belge, Joseph Goossens, qui fera construire la piscine sur l’emplacement du tapis vert et mettra en place le funiculaire.
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